Quand l’art devient innovation sociale : les ateliers participatifs de Bidart

Création d'un marionnette géante, symbole de Bidart. L'at comme innovation sociale grâce aux ateliers participatifs
Date : 26 août 2025
Catégories : Participatif

À Bidart, la marionnette géante que nous avons créée n’a rien d’anecdotique. Derrière l’œuvre grandiose qui verra le jour lors des fêtes du village le 19 septembre 2025, c’est une démarche beaucoup plus profonde qui se déploie : une expérience collective, intergénérationnelle, qui allie innovation sociale, éducation pratique et recyclage créatif.

Ce projet illustre la manière dont une commune peut, à travers l’art participatif, répondre à des enjeux contemporains majeurs : renforcer la cohésion, offrir un espace d’expérimentation et promouvoir des pratiques responsables.

« Ce projet est profondément moderne parce qu’il ose renouer avec l’essentiel.” Fabienne Astruc

Une histoire née avec les habitants

Avant même le premier coup de pinceau ou de marteau, il y a eu une étape essentielle : ancrer le futur personnage dans un imaginaire collectif. 

Nous avons, en lien avec la commune de Bidart, choisi d’associer les “représentants” de la ville à cette réflexion. Le conseil municipal des enfants a été invité, aux côtés des élus à la culture, à inventer une histoire, celle de Bidart, racontée à travers leurs yeux.

De cette première étape sont nés deux personnages symboliques. Henri, le Grand-Père de Bidart, incarne la mémoire collective du village. Son prénom fait écho à Henri Rateau, figure locale et est également témoin d’une époque où il était interdit de donner des prénoms basques, rappelant ainsi les luttes et la résilience culturelle du territoire. À ses côtés, Amaia, sa petite fille de 10 ans,pratiquant la danse basque et le surf, incarne la jeunesse d’aujourd’hui, à la croisée de la tradition et de la modernité.

L’histoire raconte qu’ensemble, ils arpentent les hauteurs de Bidart et les collines environnantes. Henri transmet à sa petite-fille les récits de la pêche à la baleine, les souvenirs liés à la terre et à l’océan, et tout ce qui fait l’identité collective du village. Cette trame narrative a guidé l’ensemble du processus de création artistique, donnant à la marionnette un ancrage territorial fort : elle n’est pas une œuvre “importée”, mais l’expression d’un imaginaire partagé par les habitants de la commune.

« L’identité n’est pas ce que l’on hérite, mais ce que l’on raconte. » Paul Ricoeur

La marionnette géante devient ici un récit incarné : celui d’un territoire qui choisit de se raconter à lui-même et aux générations futures.

Travail sur l'imaginaire collectif pour la création d'une marionnette géante, symbole de Bidart
L’histoire née avec les habitants de Bidart
Croquis, ébauche de la marionnette géante de Bidart. Travail sur l'imaginaire Collectif
Croquis, ébauche de la marionnette géante de Bidart.
Moodboard, tableau d'inspiration
Croquis du masque du Grand père

L’art comme vecteur de lien social et d’appartenance

L’une des grandes forces de ce projet réside dans son caractère inclusif. Des habitants de tout âge, des enfants aux aînés, ont mis la main à la pâte (et dans la colle ndlr) pour donner vie à cette marionnette.

 « La culture est ce qui relie, ce qui fait tenir ensemble ». Edgar Morin

Ici, le mot relier prend tout son sens. Les ateliers ne sont pas seulement un temps de fabrication artistique : ils deviennent un espace de rencontre, de transmission et d’invention collective, où chaque geste individuel trouve sa place dans une œuvre commune.

Dans un monde où l’isolement et la fragmentation sociale progressent, ce type d’expérience rappelle que la création artistique peut être une véritable innovation sociale : une pratique qui ne se limite pas à l’esthétique, mais qui agit sur la qualité du vivre-ensemble.

En participant à cette aventure, les habitants n’ont pas seulement « fait un atelier » : ils ont contribué à l’émergence d’une œuvre “monumentale” qui portera leur empreinte et continuera d’exister pendant des décennies. 

Cet engagement donne naissance à un sentiment d’appartenance puissant : chacun peut dire « j’y étais, j’ai participé ». La culture se révèle alors comme un levier de cohésion et de fierté partagée, capable de renforcer le tissu social d’une commune bien au-delà du temps de l’atelier.

L’art comme vecteur de lien social et d’appartenance. création d'un marionnette géante, symbole de Bidart, en ateliers participatifs
L’art comme vecteur de lien social et d’appartenance. Ateliers Participatifs de Bidart pour la création d'une marionnette géante, symbole de Bidart
L’art comme vecteur de lien social et d’appartenance.
L’art comme vecteur de lien social et d’appartenance. Projet artistique de la création d'une marionnette géante symbole de Bidart en ateliers Participatifs
L’art comme vecteur de lien social et d’appartenance

Expérimenter, manipuler, apprendre

Si les ateliers marquent tous les habitants qui ont participé, ce sont surtout les enfants qui en sortent fascinés. Maniant scies, cutter, pinceaux, perceuses ou encore collages avec les doigts, ils peuvent expérimenter la matière par eux-mêmes. Dans un monde dominé par les écrans et où les pédagogies privilégient parfois l’abstraction, cette reconnexion au geste concret est précieuse.

« On n’apprend pas en regardant faire, mais en faisant soi-même ». John Dewey dans Démocratie et Éducation (1916)

C’est exactement l’esprit de ces ateliers : apprendre par l’expérience, par l’essai et parfois par l’erreur.

Les enfants découvrent ainsi qu’ils sont capables de créer, d’imaginer, de réparer. Ils développent une intelligence pratique qui complète et enrichit leurs savoirs scolaires. Au fil des activités, ils apprennent aussi à collaborer, écouter une consigne, persévérer et aller jusqu’au bout de leur tâche, des compétences fondamentales pour la vie en communauté

Experimenter, manipuler, apprendre, percer, scier, coller.. Ateliers participatifs de Bidart, création d'une marionnette géante, symbole de Bidart
Expérimenter et manipuler la matière, apprendre pendant les ateliers Participatifs de Bidart
Expérimenter, manipuler, apprendre, reproduire l'iris de l'oeil.
expérimenter, manipuler, apprendre lors des ateliers participatifs de Bidart, création d'accessoires
Expérimenter, manipuler, apprendre pendant les Ateliers Participatifs de Bidart

Le rôle fondateur de la transmission

Dans ce cadre d’expérimentation et de créativité, les gestes se transmettent naturellement de main en main, d’un grand-parent à un enfant, d’un artisan à un curieux. Chaque mouvement, chaque technique, chaque astuce devient une passerelle : un enfant observe la manière de faire, un adulte apprend à patiner une couleur ou à assembler une pièce, et chacun s’enrichit de l’expérience de l’autre.

Ce processus de transmission est au cœur du projet. Il ne s’agit pas seulement de construire une marionnette géante, mais de tisser un fil précieux entre générations. Les gestes, savoir-faire, astuces et anecdotes racontés et partagés deviennent un patrimoine immatériel collectif, une richesse commune qui dépasse l’objet lui-même. 

Au fil du projet, chacun apprend, enseigne, et repart avec le sentiment d’avoir contribué à quelque chose de plus grand que soi.

Rôle de la transmission des gestes lors des ateliers participatifs de Bidart.
Transmission des gestes d'un parent à un enfant lors des ateliers participatifs de Bidart. Moment intergénérationnel
Moment de partage entre une maman et ses enfants lors des ateliers participatifs
Transmission des connaissances, recherche d'inspiration ensemble pendant les ateliers participatifs de Bidart

Écologie et upcycling : donner une seconde vie à la matière

Un autre aspect essentiel du projet réside dans sa démarche écologique. La marionnette géante de Bidart est réalisée presque exclusivement à partir de matériaux de récupération : bouteilles plastiques, tissus, chutes d’atelier, tuyaux d’arrosage, objets détournés. C’est une pratique d’upcycling, qui consiste à transformer et sublimer des ressources existantes pour leur offrir une nouvelle vie.

« Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants » Antoine de Saint-Exupéry

Donner une seconde vie à des matériaux, c’est aussi transmettre une autre manière de produire et de consommer : plus respectueuse, plus créative.

Les habitants, en participant à ce processus, deviennent acteurs de cette transition écologique. Ils expérimentent concrètement que l’art peut être à la fois beau, collectif et durable.

Écologie et upcycling : donner une seconde vie à la matière
Écologie et upcycling : donner une seconde vie aux objets. Ici des chaussons de danse basque
Écologie et upcycling : donner une seconde vie à la matière
Écologie et upcycling : donner une seconde vie à la matière
Écologie et upcycling : donner une seconde vie aux objets
Écologie et upcycling : donner une seconde vie à la matière, ici la terre du potier Goicoechea à Osses.

L’innovation sociale en action

Le terme d’innovation sociale peut sembler théorique. Pourtant, il trouve ici une application très concrète. Selon l’OCDE, l’innovation sociale désigne « de nouvelles réponses à des besoins sociaux mal satisfaits par les marchés ou les politiques publiques ».

Or, les besoins auxquels ce projet répond sont multiples :

  • le besoin de se retrouver dans une société fragmentée,
  • le besoin de faire ensemble, dans un monde de consommation passive,
  • le besoin pour les enfants de toucher, manipuler, expérimenter,
  • le besoin écologique de réutiliser et transformer plutôt que jeter,
  • le besoin pour une commune de raconter son histoire et son identité.

En ce sens, les ateliers de Bidart dépassent largement la dimension artistique : ils deviennent un outil “stratégique” pour les communes qui souhaitent renforcer leur cohésion, tout en portant un message fort en faveur du vivre-ensemble.

On pourrait dire que l’innovation sociale, ce n’est pas forcément inventer quelque chose de radicalement nouveau, mais réactiver ce que la modernité avait mis de côté : l’entraide, le faire ensemble, le partage de savoirs manuels, le lien entre jeunes et aînés.

Conclusion : Une œuvre comme symbole collectif

Le point culminant de ce projet sera la présentation de la marionnette lors des fêtes de Bidart, le 19 septembre. Mais l’essentiel est ailleurs : dans les rires, les gestes, les rencontres qui ont jalonné ces douze jours d’ateliers.

« L’art est ce qui perdure, même après que l’action s’est éteinte ». Hannah Arendt

La marionnette restera, mais elle sera surtout le témoin de ce que les habitants, ensemble, ont su créer. Et l’histoire continue de s’écrire… celle d’une communauté qui bâtit, main dans la main, son récit collectif.

Si comme Bidart, vous voulez créer un projet artistique créateur de lien et d’histoire pour votre territoire, n’hésitez pas à nous contacter !